Les syndicats SUD éducation de l’académie de Créteil sont très inquiets des baisses de moyens dans l’académie, comme de l’explosion du nombre d’heures supplémentaires, des suppressions de postes en LP et de la mise en place de la réforme du lycée.
Vous trouverez ci-dessous la déclaration de notre élu-e SUD éducation lors du CTA qui s’est tenu le 17 janvier ainsi qu’un compte-rendu du CTA :
Déclaration liminaire au
Comité Technique Académique
du 17 janvier 2019
Monsieur le Recteur de l’académie de Créteil,
Mesdames et Messieurs les membres du Comités Technique Académique,
Ce premier Comité Technique Académique intervient dans un contexte de contestation sociale important : les travailleurs et les travailleuses se mobilisent pour plus de justice sociale. Et ce sont bien des problèmes de justice sociale et d’égalité territoriale dont il s’agit quand on étudie les moyens distribués dans l’académie et la carte des spécialités des lycées. C’est bien de justice sociale qu’il s’agit quand les personnels se mobilisent pour une revalorisation de leur métier et pour une véritable reconnaissance de leurs difficultés. Or les annonces du Ministre vont dans une direction toute autre qui nous inquiète : le renforcement de la hiérarchie avec l’annonce de la création prochaine d’un statut de directeur d’école ou encore l’annonce de l’imposition de deux heures supplémentaires aux personnels entraînent une dégradation des conditions de travail qui est nuisible au service public d’éducation.
1- Dans le 1er degré des moyens insuffisants
Tout d’abord, dans le 1er degré nous nous étonnons de n’avoir que cette page A4 succincte censée nous éclairer sur la dotation de l’académie. Nous attendions des documents plus précis au sujet des moyens du dispositifs 100% de réussite.
Vous nous donnez des documents incomplets. Ils ne prennent pas en compte les différences de seuil entre REP et Hors REP et les dédoublements du dispositif CP/CE1 à 12. Ils n’éclairent en rien sur l’enveloppe prévue pour les contractuel·les. Nous ne connaissons toujours pas le nombre de contractuel·les enseignant·es travaillant actuellement dans l’académie de Créteil dans le premier degré.
Les 502 postes créés permettent simplement de combler les postes devant élèves apparus par la mise en place du dispositif CP et CE1 à 12. Mais nous voyons tous les jours sur le terrain qu’il manque cruellement de remplaçant·es titulaires formé·es, et que les poste de RASED sont supprimés les uns après les autres.
En ce qui concerne les remplacements, de nombreuses journées d’absence ne sont encore pas remplacées. Les absences pour raison syndicale ne sont, quant à elles, quasiment jamais remplacées, y compris pour les stages de formation syndicale qui sont pourtant un droit pour chaque enseignant·es et prévenues plus d’un mois à l’avance. Pour exemple, notre camarade mandatée pour le CTSD 93 n’a jamais été remplacée l’année passée pour participer à cette instance.
Mais pourquoi ouvrir des postes puisque l’embauche massive de contractuel·les destiner aux remplacements est maintenant généralisée et devient la règle. C’est la précarisation de la fonction d’enseignement que vous entérinez année après année.
Pour en revenir au RASED, nous avons trop entendu « Les postes sont créés mais personne de les veut » ! Si les collègues ne se sentent plus d’assumer cette fonction c’est que, par le démantèlement du RASED, ces fonctions ne sont pas valorisantes pour les personnels qui sont affecté.es sur 8 écoles dans certains cas et assurent le suivi d’un nombre trop grand d’élèves.
Les rôles des maitre.sses spécialisé.es ont été dénaturés par les suppressions successives de postes et perdent peu à peu, par la volonté des politiques restrictives, leurs vertus auprès des publics les plus en difficultés. Ces mêmes politiques restrictives poursuivent le dessin d’une école de plus en plus inégalitaire que les dispositifs dit « 100 % de réussite » ne saurait masquer.
Le manque de précision de votre document ne viserait-il pas à noyer également la sous-dotation en moyens supplémentaire dans ce fameux dispositif ?
Par exemple nous estimons à 250 le nombre de postes nécessaires pour le seul 94 afin de pourvoir le dispositif « 100% réussite » pour les CP ET CE1 « à 12 » or seuls 180 sont prévus pour ce département : nous sommes loin du compte. Nous rappelons également la spécificité du 94 dans le cadre de ce dispositif : toutes les classes sont à 14 élèves, et non à 12.
La mise en place de ce dispositif se fera donc une fois de plus en surchargeant les autres écoles et autres classes, et par le recrutement, une fois de plus, de collègues contractuel·les.
2- dans le 2nd degré collège : explosion des heures supplémentaires !
Ensuite la répartition des grandes masses nous inquiète particulièrement pour les collèges de l’académie. En effet, le H/E diminue puisqu’il passe de 1,34 à 1,32. Ce qui montre que l’augmentation des moyens alloués est bien insuffisante. Cette baisse annonce une dégradation des conditions de travail des personnels et d’étude des élèves, pourtant déjà difficiles dans beaucoup d’établissements de notre académie.
Les 112 ETP créés constituent une véritable mascarade puisque seuls 2 postes seront créés contre 110 équivalents temps plein en HSA ! Pour 3809 élèves supplémentaires. Cette mesure accompagne l’annonce scandaleuse de notre ministre qui compte modifier le décret sur les obligations statutaires des enseignant-es du 2nd degré pour imposer une seconde heure supplémentaire afin de permettre la conversion de 2085 postes en heures supplémentaires à l’échelle nationale. SUD éducation s’oppose à cette augmentation du temps de travail des enseignant-e-s.
A nouveau, la hausse du nombre d’élève sans moyens conséquents et statutaires va être l’occasion d’une dégradation de nos conditions de travail.
3- Dans les LP : des postes qui supprimés !
De même dans les Lycées Professionnels, la réforme et la baisse du volume d’heures disciplinaires engendrent une baisse des moyens ( - 13,5 ETP) alors même que le nombre d’élèves augmente. Et ce chiffre est encore en deçà de la coupe qui est opérée puisque 16,5 ETP sont supprimés et 3 ETP sont maintenus non pas en heures poste mais en heures supplémentaires ! SUD éducation appelle tous les personnels à se mobiliser contre la casse de l’enseignement professionnel. C’est là une attaque de classe de l’état contre les travailleurs et les travailleuses en formation.
4- Dans les LGT : pas de postes pour prévenir la hausse du nombre d’élèves et une réforme qui aggrave les inégalités !
Enfin, les lycées généraux et technologiques ne sont pas exempts de mesures inégalitaires, bien au contraire. Alors que les équipes des lycées restent mobilisées contre Parcours Sup’, contre la réforme du bac et du lycée, les moyens présentés ne comptent aucune amélioration des conditions de travail et d’étude déjà amplement dégradées puisque aucun ETP n’est alloué alors même qu’il y aura 918 élèves de plus en LGT à la rentrée prochaine. On est loin d’en avoir fini avec les élèves qui ne bénéficient pas du volume d’heures réglementaires et des classes surchargées.
La réforme du lycée va encore dégrader davantage la situation. La carte des spécialités que ce CTA doit discuter aggrave les inégalités territoriales déjà profondes dans notre pays et dont souffrent un nombre important d’élèves de notre académie qui connaît des taux de pauvreté record à l’échelle de la France.
Nous sommes fondamentalement opposés à cette réforme qui prend le pire du le système éducatif anglo-saxon : la concurrence instituée entre disciplines, entre collègues, entre établissements et entre territoires pour l’obtention des spécialités. Des choix stratégiques complexes pour l’orientation dans le supérieur qui pénaliseront les familles les plus éloignées de l’institution scolaire. Dans le même temps la destruction du service public d’orientation se poursuit avec le transfert aux régions de l’information sur les métiers et les formations ; l’information sera très inégale d’une région à l’autre et accélérera la marchandisation du conseil en orientation déjà bien développée avec Parcours sup.
Avec les contraintes d’emploi du temps induites par la réforme, l’augmentation du nombre de classe par enseignant, le manque de locaux dans l’académie, l’installation de périodes de CCF en 1ere et en terminale, les collègues mais aussi les parents et les lycéens ont de plus en plus l’impression d’aller vers la déréglementation, le chaos et une surcharge de travail incroyable pour à la rentrée 2019.
4- Face à la hiérarchie, un outil collectif : le syndicat
Pour faire accepter cette politique antisociale, on a vu en décembre l’État envoyer devant nos lycées les forces de l’ordre pour gazer, matraquer, humilier les lycéen-nes et nier leur droit de se réunir, et nous voyons quotidiennement dans notre activité syndicale, des chefs d’établissement maltraiter des collègues et des équipes pour les empêcher de lutter contre l’asphyxie budgétaire.
À la suite de notre déclaration liminaire, en CAPA agrégéEs, vendredi 11 janvier, vous vous êtes permis M. Auverlot de signifier à notre élu que beaucoup de chefs d’établissements souffrent de l’action syndicale de Sud éducation Créteil. Vous avez ajouté vous réjouir de nos postes en CAPA et CT, qui vous permettrait d’aborder cette question avec nous.
De telles paroles de votre part nous sont intolérables : nous ne comptons plus le nombre de collègues qui souffrent des pressions hiérarchiques qui sollicitent notre syndicat, le nombre d’arrêts de travail. Des élu-e-s Sud éducation siègent en Commission Paritaire car des personnels les ont élu-e-s, pour défendre leur vision d’une école émancipatrice dans un cadre de réelle confiance entre tous ses acteurs mais aussi pour lutter contre une institution beaucoup trop souvent maltraitante.
Comment comptez vous pallier au manque de médecine préventive dans l’académie. Encore hier, un collègue administratif qui sollicitait un rdv s’est vue répondre qu’il n’y avait plus de médecin pour les administratifs. La maltraitance est institutionnelle.
Au collège République de Bobigny, au moins 20 collègues enseignant-e-s ont été arrêtés depuis septembre. Par ailleurs, nous vous rappelons que les personnels du collège continuent de demander que leur soit communiqué les résultats complets de l’enquête qui a été mené dans leur établissement sur le climat scolaire.
Au collège Diderot et lycée D’alembert d’Aubervilliers, le chef d’établissement est en arrêt maladie. Sans doute pensez vous que c’est à cause des syndicalistes de l’établissement.
La réalité c’est que le chef d’établissement s’est permis d’installer des caméras de surveillance dans les deux établissements sans respecter aucune règle et aucune loi (pas de vote du CA, caméras non conformes selon la CNIL etc).
L’intersyndicale de la cité scolaire vous a écrit deux courriers qui n’ont jamais eu de réponse.
Cette absence de réaction ne pouvant qu’être interprétée que comme une volonté du rectorat de laisser faire, et donc d’aller dans le sens de la décision illégale du chef d’établissement, les collègues ont eu recours au service d’une avocate. Le courrier envoyé par cette avocate a sans doute contribuer à fragiliser la position du Chef d’établissement.
Mais si nous en sommes là c’est parce que le rectorat :
ne conseille pas correctement les chefs d’établissement
n’assume pas son rôle d’arbitre lorsqu’on le sollicite
se moque complètement de la légalité des procédure dans les établissements ;
se moque complètement du respect des libertés individuelles des personnels et des élèves dans les établissements.
Nous attendons donc d’un recteur d’académie qu’il prenne la mesure de ces souffrances, et qu’il agisse réellement partout où notre organisation syndicale représentative sonne l’alerte.
De façon plus générale, SUD éducation revendique :
l’abandon de Parcours Sup’ et de la réforme du LGT et du lycée professionnel.
Des moyens pour mettre en oeuvre de véritables réductions d’effectifs dans l’académie : 20 élèves par classe dans les collèges ordinaires et en lycée professionnel et 25 élèves par classe dans les LGT non classés avec des dédoublements.
Des moyens pour l’éducation prioritaire : 16 élèves par classe en éducation prioritaire, 1 CPE pour 4 classe, 1 AED pour 50 élèves, 1 RASED complet par groupe scolaire et 1 enseignant-e supplémentaire pour 5 classes.
Le retour dans l’Onisep des Dronisep et de ces personnels, le maintien des missions d’information de l’Onisep.
Une baisse du temps de service face élève de trois heures pour les enseignant-e-s du second degré, les trois heures libérées étant consacrées au travail en équipe.
Une augmentation des salaires conséquente, pas de salaire inférieur pour un début de carrière à 1700€ net, le retrait du jour de carence et le refus de l’imposition d’une deuxième heure supplémentaire.
Des créations de postes à la hauteur des besoins pour un service public de qualité avec une baisse des effectifs par classe.
Les syndicats SUD éducation de l’académie de Créteil dénoncent les moyens insuffisants qui sont mis en œuvre dans notre académie et appelle, au sein de l’intersyndicale, tous les personnels à se mobiliser le 24 janvier par la grève pour la justice sociale, pour les droits des élèves à une éducation de qualité dans tous les quartiers, pour l’amélioration des conditions de travail des personnels.
Merci de votre attention.