L’année scolaire s’achève dans un climat social très tendu, marqué par le mouvement des gilets jaunes mais aussi de nombreuses grèves notamment dans les hôpitaux. Le monde éducatif connaît aussi une mobilisation d’une ampleur particulièrement importante depuis quelques mois. Une étape a été franchie depuis le 19 mars, avec une mobilisation très importante, en particulier du premier degré, contre le projet de loi Blanquer. Des Assemblées générales réunissant jusqu’à plusieurs centaines de personnels ont voté des mouvements de grève reconductible. Les parents d’élèves sont mobilisés avec des actions et initiatives organisées dans différentes régions. Dans le second degré, les réformes des lycées, du bac et Parcoursup suscitent toujours autant de mécontentement, et les initiatives de mobilisation ont été très nombreuses autour des journées de grève du 29 mars, du 04 avril, à l’occasion de la journée fonction publique du 9 mai et de la manifestation nationale du 18 mai contre la politique éducative du gouvernement.
Le projet de loi Blanquer est significatif du projet libéral et réactionnaire pour l’école du ministère : il organise le démantèlement du service public d’éducation, par les cadeaux faits au privé (article 3) ou par la précarisation organisée des missions d’enseignement (article 14). Il veut museler la liberté de parole des enseignant-e-s (article 1), par la mise au pas de la formation des futur-e-s professeur-e-s (article 10) ou par l’obligation d’afficher le drapeau tricolore dans les salles de classe. Les modifications apportées par le débat parlementaire au Sénat sont clairement insuffisantes, et introduisent même des amendements inquiétants : financement accru du secteur privé, statut de directeur-rice d’école supérieur-e hiérarchique, avis des chef-fe-s d’établissement sur les mutations…
Mais ne nous y trompons pas : pour SUD éducation, c’est le retrait pur et simple du projet de loi qui est à l’ordre du jour !
La loi Blanquer s’inscrit dans la continuité des réformes de casse du statut de la fonction publique, notamment par le recrutement de personnels précaires contractuels au lieu de fonctionnaires. C’est le cas notamment pour les AESH, qui étaient mobilisés le 15 mai contre la mise en place des PIALs et pour obtenir des améliorations de leurs conditions de travail. La loi sur fonction publique, actuellement en deuxième lecture à l’assemblée est une remise en cause historique du statut de la fonction publique et des droits de tous les fonctionnaires. La généralisation du recrutement de contractuel élargie aux missions actuelle des agents, la réduction des champs des CAP aux seuls aspects disciplinaire ou aux contestations sur les mutations est une attaque inadmissible aux droits des personnels. Enfin, le transfert en cours du service public d’orientation vers les régions montre la volonté de réduire au maximum le caractère national du service public d’éducation.
Avant même la loi Blanquer, le ministère organisait le tri social généralisé. Parcoursup, généralise une sélection à l’université, pilotée par les attendus du supérieur sans véritable cadrage national .La réforme du baccalauréat est une pièce maitresse du nouveau dispositif de sélection puisqu’elle instaure des bacs maison avec 30% de contrôle continu qui n’auront pas la même valeur en fonction du lycée ou du territoire dans lequel il aura été obtenu. La réforme de la voie professionnelle, c’est la casse du lycée professionnel. Le bac professionnel originellement conçu comme une formation en quatre ans ne compte désormais plus qu’un peu plus de deux années de spécialité. Les horaires disciplinaires dans les matières générales en CAP comme en bac professionnel sont en forte baisse. Ce sont donc 1/4 des jeunes pour lesquels le ministère n’a d’autre ambition que d’en faire de la main d’œuvre rapidement employable. La réforme du lycée général et technologique, c’est l’instauration d’un lycée à la carte, qui met en concurrence les lycées, les filières et les élèves en s’attachant à réduire le nombre de postes dans le second degré. Et en parallèle le ministère donne une place toujours plus importante aux entreprises comme on peut le constater dans le projet de décret concernant le label campus des métiers et des qualifications.
Les syndicats SUD Education de l’académie comme notre Fédération SUD revendiquent : le retrait du projet de loi Blanquer, le retrait du projet de loi transformation de la fonction publique, l’abrogation des contre-réformes des lycées, du baccalauréat, de Parcoursup.
Le ministère reste sourd aux revendications et s’acharne à réprimer les mobilisations par les menaces, intimidations et sanctions contre les personnels. Mais les enseignantes et enseignants, attaché-e-s au service public d’éducation qui constitue un pilier de notre république ne renonceront pas.
Le mouvement intra de cette année reste marqué par les difficultés déjà abondamment commentées : inégalités entre disciplines, manque d’attractivité du métier d’enseignant, encore beaucoup trop de mutations subies, notamment pour les collègues débutant dans le métier.
Les données qui nous ont été transmises semblent, de prime abord, plus satisfaisantes que l’année passée. En effet, le nombre de postes vacants après cette phase du mouvement est très réduit, notamment dans les disciplines déficitaires. Il faut cependant constater que, contrairement à l’année passée, les stagiaires n’ayant pas formulé de voeux ont été affectés, alors même qu’il paraît clair qu’ils ne seront pas présents à la prochaine rentrée scolaire. Nous craignons cependant que cette réduction (sans doute en partie factice) du nombre de postes vacants entraîne un véritable plan social pour les contractuels enseignants.( vous devez mieux maîtriser que moi mais je ne comprends pas bien si la réduction est factice car ces stagiaires n’iront pas sur ces postes , les supports iront aux contactuels ?PM)Nous continuons à demander leur titularisation sans conditions et demandons ce qui est prévu pour les collègues qui travaillent en tant que contractuels depuis des années.
Nous nous interrogeons sur le nombre de postes bloqués dans certaines disciplines, notamment sur des postes en REP+ : s’agit-il de nommer des stagiaires, contrairement à la pratique mise en place de ne pas affecter de stagiaires en REP+ ? ou s’agit-il des postes bloqués pour les personnes visant à acquérir les critères de la classe exceptionnelle ?
Le mouvement apparaît totalement bloqué dans certaines disciplines ce qui place les collègues dans des situations difficiles. Les TZR ont alors beaucoup de difficultés à se stabiliser. A la rentrée, cela passe aussi bien trop souvent par des affectations hors zone ou des services supérieurs aux ORS.
Par ailleurs, nous persistons à demander une modification quant à l’usage de la bonification d’entrée dans le métier.
Les stagiaires sont amené-es à émettre un vœu large non restrictif pour en bénéficier et ils sont nombreux à l’utiliser en pure perte. Nous considérons que tous les vœux larges non restrictifs devraient en bénéficier afin d’assurer des affectations correspondant davantage aux vœux des stagiaires. Au vu du manque d’attractivité de notre académie nous gagnerions tous à trouver un système permettant une meilleure entrée dans le métier à nos stagiaires. En effet, beaucoup d’entre elles et eux sont affecté-es de façon dégradée, sur des vœux de rang ou supérieur, voire en extension.
Enfin, même si nous nous sommes félicité de la nécessité de réduire l’influence de la bonification agrégé-e, nous persistons à la trouver trop importante. Dans certaines disciplines, muter en lycée est quasiment impossible sans cette bonification. A Sud éducation, nous défendons le corps unique et dénonçons donc cette inégalité de traitement entre collègues.
La relation entretenue par le rectorat avec les organisations syndicales ou les agents nous inquiètent particulièrement. La volonté de s’attaquer aux "fortes têtes" du collège République de Bobigny, par le biais d’intimidations en série (on pense notamment aux sanctions déguisées qui sont envisagées pour la CAPA devant étudier les mutations dans l’intérêt du service), montre l’incapacité du rectorat à protéger ses agents et à leur permettre de revendiquer les moyens d’exercer leur métier dans de bonnes conditions.
Nous sommes de plus en plus saisis par des collègues qui se retrouvent dans de graves situations : harcèlement au travail, agressions sexistes ou sexuelles... sans que le rectorat ne réagisse, en contradiction avec ses obligations en tant qu’employeur. Enfin, lorsque nous alertons le rectorat en tant qu’organisation syndicale, la réponse est généralement au mieux le silence, au pire le mépris. Nous dénonçons cet état de fait qui met des gens en difficulté.
Nous terminerons en évoquant le cas du collège Halimi d’Aubervilliers, qui nous préoccupe. Dans ce collège dont le projet pédagogique coopératif et polytechnique est porté depuis 9 ans par une équipe d’enseignant⋅e⋅s de la ville, le rectorat s’était engagé, par convention avec la CARDIE, à ce que 8 personnes de ce collectif puissent intégrer le collège via des postes spécifiques, afin de former une masse critique. Alors que 4 postes spécifiques étaient remis en jeu cette année, le rectorat a rompu ces engagements lors des GT SPEA, et laissé l’affectation à l’arbitraire des corps d’inspection.
Nous dénonçons les postes spécifiques établis par les chef⋅fe⋅s, qui ne sont qu’une série de passes-droits, et permettent à la hiérarchie d’asseoir leur pouvoir. De façon extrêmement inquiétante, la réforme de la fonction publique voudrait les généraliser, favorisant l’arbitraire sur les règles collectives.
Mais, dans le cas du collège Halimie, l’hypocrisie du rectorat est insupportable : ces 2 postes sont presques les seuls postes (pour lesquels il y avait des candidat⋅e⋅s) à rester non pourvus à l’issu du GT SPEA.
Nous dénonçons ce que nous interprétons comme une tentative de casser le projet pédagogique de ce collège. Nous demandons que les collègues soient affecté⋅e⋅s à titre définitif dans l’établissement, à l’issue du mouvement des mutations intra-académiques 2019.